[Citoyens & Justice] Agir en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes

Publié le mercredi 08 mars 2023
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Ce mercredi 8 mars, nous célèbrons la journée internationale des droits des femmes. Depuis vendredi dernier, la fédération a publié plusieurs articles présentant des rapports, des guides à destination des professionnel.le.s, ou encore des podcasts, séries et autres formats permettant au plus grand nombre d'acquérir des connaissances sur les inégalités persistantes entre les femmes et les hommes.

« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant »

Simone de Beauvoir, philosophe française.

 

La journée internationale des droits des femmes met un coup de projecteur sur les inégalités entre les hommes et les femmes. Parler d’égalité c’est parler de droits ! Les documents « Les chiffres de l’égalité » et celui publié par Oxfam « Une société réellement féministe on commence quand ? » nous permettent de dresser un tableau de la situation française et mondiale, dont voici un petit extrait :

« En France, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes est de 27,2% dans le secteur privé et 16,4% dans le secteur public.  
99 % des femmes ont déjà été victimes d’un acte ou commentaire sexiste au moins une fois dans leur vie.  
Le nombre de femmes députées est passé en 20 ans de 12% à 37,26% depuis la dernière élection législatives.  
10% des artistes femmes ont été primé aux victoires de la musique du meilleur album depuis 1985. 
 
Dans le monde, plus de 60% des plus pauvres sont des femmes, soit 435 millions de femmes vivant avec moins de 1,9 $ par jour.  
30% des femmes subiront des violences de la part de leur actuel ou ancien conjoint.
Environ 650 millions de femmes ont été mariées enfant, dont plus d’une sur trois avant l’âge de 15 ans. 
Au rythme actuel d’évolution des inégalités, les femmes devront attendre plus de deux siècles et demi avant de connaitre l’égalité économique. »

 

Ces quelques chiffres illustrent les inégalités existantes malgré un arsenal de lois pour tendre vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. Mais alors pourquoi malgré ces avancées législatives, l’accès à l’égalité est si difficile à atteindre ? Sans omettre que certains droits des femmes acquis au niveau mondial ont connu un recul, comme c’est le cas en Afghanistan, au Brésil, en Russie, aux Etats Unis, pour n’en citer que quelques-uns au niveau international, et en Italie, en Suède, en Turquie, en Hongrie pour citer les pays concernés en Europe. La citation de Simone de Beauvoir n’a jamais été autant d’actualité face à des mouvements extrémistes et anti-droits qui sévissent sur le sujet, communément appelé « Backlash ». Le féminisme existe justement pour agir et promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes
 
Durant des siècles, les femmes ont été la propriété du père ou du mari, considérées comme des objets au sens juridique du terme. Finalement, la construction d’une culture égalitaire est récente et loin d’être aboutie, malgré les progrès. Les droits des femmes ne se traduisent pas encore dans les faits par une égalité réelle. De nombreuses inégalités persistent avec son flot de violences. Derrière ces inégalités résident le sexisme, la misogynie et le machisme. Nous parlons de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, de lutte contre les violences conjugales et intrafamiliales ou encore de lutte contre les violences faites aux femmes. Nous le savons, ces violences constituent un véritable fléau dans la société.

Comment participer à construire une société plus juste où les relations entre les femmes et les hommes seraient saines et égalitaires ? Promouvoir l’égalité passe en premier lieu par une prise de conscience du système qui construit ces inégalités. Ce système repose sur une hiérarchie d’un genre sur un autre, un système de domination. Cet héritage historique a façonné des relations inégalitaires entre les hommes et les femmes. Le genre masculin était socialement valorisé, a contrario, ce qui était de l’ordre du féminin socialement dévalorisé. Et sans s’en rendre forcément compte, les stéréotypes de genre ancrés dans les mentalités participent à cette reproduction des inégalités, enfermant les hommes et les femmes dans des rôles sociaux dans lequel on les attend. Un homme doit être fort, subvenir aux besoins de sa famille, ne pas pleurer, c’est un peu caricatural mais encore tellement distillé dans notre culture et notre éducation. Une femme doit être douce, à l’écoute et s’occuper de la famille. Là encore le tableau fourmille de clichés et pourtant quand on travaille avec les enfants, les adolescents, les adultes sur la déconstruction des stéréotypes, on se rend compte de leur puissance désespérément actuelle dans la société.

Le problème réside dans le fait qu’il empêche bien souvent l’expression d’une personnalité singulière. Se libérer de ces injonctions et oser s’exprimer librement est encore trop souvent difficile. Si les garçons ou les hommes expriment leur sensibilité, leur fragilité ou leurs émotions, on peut encore trop souvent entendre un flot de paroles homophobes. Alors que finalement, si on retire de sa pensée ce référentiel stéréotypé, on convient qu’il s’agit d’intelligence émotionnelle. Qu’un être humain, homme ou femme, traverse une multitude d’émotions dans une journée, dans une vie et que savoir les identifier, les exprimer, échanger à ce sujet, c’est pouvoir être en capacité d’élaborer intellectuellement des sensations qui traversent l’affect, et envahissent parfois la pensée.

Ces stéréotypes construisent des rôles qui nous enferment et qui créent des discriminations entrainant à leur tour des inégalités.

Sans y prendre garde, ils agissent comme une prison mentale, conditionnant nos comportements, socialement attendus. Lucile Peytavin, historienne qui a écrit "Le coût de la virilité", illustre combien coûte à la société l’apprentissage de cette virilité toxique, cet apprentissage de la violence, de devoir être fort…

« En France, les hommes sont responsables de l’écrasante majorité des comportements asociaux : ils représentent 84 % des auteurs d’accidents de la route mortels, 92 % des élèves sanctionnés pour des actes relevant d’atteinte aux biens et aux personnes au collège, 90% des personnes condamnées par la justice, 86 % des mis en cause pour meurtre, 97 % des auteurs de violences sexuelles… ».

Si ce texte met en lumière plus particulièrement le sujet des hommes, c’est que les personnes que les associations socio-judiciaires accompagnent sont majoritairement des hommes. Sans omettre que les femmes moins représentées peuvent également commettre des actes délictuels ou criminels.

Est-ce que l’accompagnement des auteurs de violences conjugales peut participer à la lutte contre le sexisme ? Est-ce que dans l’accompagnement des hommes qui ont commis des actes de violences machistes, on peut agir en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes ?

Les recherches sur le sujet démontrent le lien entre les violences et les questions d’égalité. Le sexisme repose sur un continuum de violences faites aux femmes et les inégalités entre les femmes et les hommes. Cette approche n’est pas la seule lecture à avoir mais elle est complémentaire des trajectoires de vie des personnes. Il est évident et admis qu’une personne qui aura vécu des carences affectives et des maltraitances dans son enfance, aura plus de risque de commettre un acte violent, même si bien sûr, ce n’est pas systématique, ni déterminant.

Pour continuer d’élaborer sur ces sujets, l’art et la culture nous offrent un panel de supports qui viennent enrichir nos réflexions. Il y a une urgence à déconstruire la masculinité hégémonique et à promouvoir d’autres façons d’incarner les masculinités pour agir en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. 

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