Retour sur les Assises du placement judiciaire 2022

Publié le mercredi 05 octobre 2022
Accueil ActualitésCitoyens & Justice aux Assises du placement judiciaire à Paris

Lundi 4 octobre 2022, se sont tenues, à l’initiative de la Direction de la Protection Judiciaire de la jeunesse, les assises du placement judiciaire. Cette journée clôt deux ans de remontées de terrain, d’introspections professionnelles,  d’ateliers participatifs au cœur des territoires sur la question épineuse du placement judiciaire au pénal dans un climat de crise des vocations et de difficultés d’attractivité des métiers du travail social en général et du socio-judiciaire en particulier.

Retrouvez la contribution du réseau de Citoyens & Justice
pilotée l’an passé par Jérôme Bouts, ancien directeur général de l’Adaes 44, et Sophie Diehl, conseillère technique justice des enfants et des adolescents à Citoyens & Justice (bientôt en accès libre)

 

Cette journée a su mêler des interventions d’actrices et d’acteurs de terrain des secteurs public et associatif à celles de magistrat(e)s et d’universitaires de renom (Véronique Blanchard, Philippe Jeammet , Jean René Loubat) sans oublier la parole donnée aux jeunes et à des parents au travers notamment de témoignages vidéo ou de la tenue d’une table ronde.

Un croisement des regards qui a mis en exergue la difficulté de passer d’un « placement subi » à un « placement choisi ». Un placement qui se doit, malgré la contrainte pénale, de respecter autant que possible la temporalité de l’enfant et de ses proches et qui doit rechercher leur adhésion.  En effet, cette adhésion permet aux jeunes et à leur famille de devenir les acteurs premiers des prises en charge. A cet égard, le pénal ne fait pas exception à la règle.

A la question « le placement judiciaire au pénal est il une protection ou une sanction ? »,  Caroline Nisand, directrice de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, a répondu sans ambiguïté dans son discours de clôture que « le débat ne se pose pas. Notre action, même au pénal, s’inscrit dans la protection de l’enfance ».

Laurent Chapuis, directeur de MECS « Les Amarres » de l'Adaes44, Béatrice Fonlupt, directrice générale de l’Adaes44, Kevin Monier, directeur adjoint de Grandir Dignement, et Stéphane Landreau, directeur général de Citoyens & Justice (de gauche à droite)

Une parole que nous partageons chez Citoyens & Justice au travers de nos plaidoyers et de nos actions. Béatrice Fonlupt, Directrice générale de l’Adaes44, Mustapha Khaldi, directeur Plateforme Enfance Famille à la Fondation AJD ont été lundi l’ambassadrice et l’ambassadeur de cette parole en présentant leur dispositif sous l’angle du risque éducatif et de la nécessité de proposer des accompagnements souples, sur mesure, et adaptés à fois à  la situation et aux besoins de l’enfant à l’instant T mais aussi à ce qu’il est en capacité de recevoir. Sur le stand des fédérations, cette thématique était également à l’honneur à travers les interventions de Mathieu Mollereau, directeur adjoint de la PEF à la Fondation AJD, Kevin Monier, Directeur adjoint de Grandir Dignement et Laurent Chapuis directeur d’établissement à l’Adaes 44, mais aussi des témoignages enregistrés de jeunes du réseau de Citoyens & Justice et de l’UNIOPSS (Grandir Dignement, Sauvegarde du Val d’Oise, Adaes 44).  Le collectif Cause Majeur ! dont la fédération et l’UNIOPSS sont membres fondateurs aux côtés de SOS Villages d’enfants était également à nos côtés (merci à Ariane Eksl  directrice de l'ingénierie sociale et de la communication de l’ALJT d’avoir représenté le collectif à cet événement) sur le stand des fédérations (Citoyens & Justice, CNAPE et Uniopss). Il était important pour nous de parler de la nécessité de poursuivre les accompagnements socio-éducatifs post-majorité à travers la Mesure Educative Judiciaire mais aussi en rappelant la nécessité de faciliter les passerelles entre le pénal, le civil et l’administratif, y compris après 18 ans. 


Béatrice Fonlupt, Directrice générale de l’Adaes 44


Mustapha Khaldi, directeur Plateforme Enfance Famille à la Fondation AJD

 

Les Assises… et après

Si comme nous l’avons dit cette journée clôt les états généraux du placement, elle ouvre surtout des perspectives de travail importantes pour les années à venir avec un changement de paradigme s’agissant de la façon dont on envisage le placement d’un jeune au pénal. 

Les annonces faites par Caroline Nisand ont été nombreuses, tant en termes d’idées, d’organisation et de financement.

Elles ont pour objectif d’augmenter de façon significative le nombre de placements préparés avec le jeune et sa famille et de proposer aux magistrat(e)s la bonne place, au bon moment au sein d’établissements souples et diversifiés avec des équipes mieux formés en :

  • pensant le placement de façon systématique tout au long de la prise en charge en milieu ouvert, y compris pour pouvoir mieux l’écarter ;
  • renforçant l’articulation milieu ouvert et placement (DIPC et PCPC remaniés et expérimentés dans 3 territoires) ;
  • renforçant les équipes des directions territoriales afin qu’elles puissent davantage construire une offre de placement souple et diversifiée, et mieux contrôler les établissements afin de prévenir les crises ;
  • actualisant et enrichissant le guide de l’offre éducative qui sera ouvert et communiqué aux acteurs de l’enfance  ( magistrat,  SAH et CD) ;
  • élaborant un nouveau cahier des charges relatifs aux Centres Educatifs Renforcés ;
  • revalorisant les indemnités journalières des familles d’accueils qui passeront à 45 euros dès le 1 janvier 2023 ;
  • élargissant la possibilité de recourir à la dotation globale de financement dans le secteur associatif habilité ;
  • expérimentant la création d’une équipe pluridicisplinaire spécialisée dans la phase d’accueil des jeunes en conflit avec la loi ;
  • créant un poste d’infirmier dans chaque établissement de placement (avant il n’existait que dans les CEF) ;
  • créant un poste de correspondant insertion dans chaque Unité éducative de milieu ouvert. Ce correspondant insertion interviendra également aux bénéfices des jeunes placés dans les établissements des secteurs public et associatif ;
  • doublant les postes de nuit avec la présence d’au moins une éducatrice ou un éducateur ;
  • créant des équipes de remplaçant(e)s ;
  • ouvrant davantage de postes aux concours de directrices/directeurs et d’éducatrices/éducateurs ;
  • facilitant le recours à des contractuels formés sur des contrats longs ;
  • ouvrant les formations de l’ENPJJ aux partenaires associatifs et en s’appuyant sur les fédérations pour construire l’offre pédagogique ;
  • élaborant un enseignement de fin de parcours spécialisés en fonction de l’affectation des agents avec davantage de mises en situation en plus des stages ;
  • communiquant de manière offensive pour mieux faire connaitre nos métiers aux étudiant(e)s et bachelier(e)s.

Caroline Nisand, Directrice de la Protection Judiciaire de la Jeunesse

Citoyens & Justice et son réseau se tiennent à la disposition de la PJJ pour travailler à l’ensemble de ces actions. Le secteur associatif, et notamment celui habilité à la fois en administratif, au civil et au pénal, peut et doit permettre d’étoffer la palette de l’offre de placement des directions territoriales, des placements préparés, en phase avec la singularité des projets de service des établissements et surtout en phase avec l’évaluation des besoins et de la situation des  jeunes et de leur famille au pénal.

 

Un grand Bravo à la Direction de la Protection Judiciaire de la Jeunesse et plus particulièrement à toute l’équipe de la Cellule Transversale d’Appui au Pilotage (Séverine Devaux, Lila Lou Reynal, Amandine Seret, Amaia Zarzuelo) et à Franck Arnal, directeur interrégional de la protection judiciaire Sud-Est pour l’organisation de cette journée.
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